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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/114

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moments. En l’examinant à la loupe, je n’aperçois plus dans ses pattes qu’un frémissement imperceptible, inappréciable à l’œil nu.

Tels sont les faits que je me hâte de porter à ta connaissance au moyen de notre messager ordinaire. Tu peux compter sur leur exactitude, comme sur le zèle et le dévouement de ton élève.


FOMALHAUT »


Cornelio n’eut pas plutôt lu cette lettre que, le cœur plein d’une crainte affreuse, il courut à la chambre de sa fille. Hélas ! ses pressentiments n’étaient que trop fondés. Elle avait cessé de vivre.

Elle était étendue sur sa couche, sans mouvement et déjà froide. Ses belles paupières, légèrement bleuâtres, couvraient pour toujours ses yeux éteints, et ses longues souffrances n’avaient pas effacé la beauté merveilleuse de ses traits.

Cornelio s’assit auprès d’elle. Il resta toute la nuit dans cette posture, la tête cachée dans ses mains. Nous n’essaierons pas de dire quelles pensées vinrent l’assaillir, ni le désespoir où il tomba. Tous ceux qui ont perdu quelques personnes chères savent que c’est après qu’elles ont fermé les yeux que nous nous rappelons plus vivement l’amitié qu’elles ont eue pour nous, les paroles tendres qu’elles nous ont dites ; que c’est alors aussi que nous nous reprochons plus amèrement nos torts envers elles ; que nous mesurons l’étendue de notre douleur, le peu de valeur des choses humaines et le profond isolement où nous nous trouvons ici-bas, séparés de ceux qui nous aimaient.

La lampe, allumée sur la table, brûla, brûla et s’éteignit. Pendant deux jours, aucun signe de vie ne fut donné dans la vieille tour. Au bout de ce temps, la congrégation municipale, ayant besoin de visiter les caveaux de la Specola pour voir si l’on ne pourrait pas en tirer partie en les louant pour