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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/12

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deux partis avec un entrain tout méridional, quand on vit arriver une autre voiture, conduite par deux beaux chevaux noirs, qui se dirigea de manière à passer entre les deux premières. Il n’y avait dans cette voiture qu’un seul domino noir dont le visage était masqué. Sans prendre part à la querelle joyeuse qui occupait la foule, ce masque silencieux jeta un long regard à la Zoccolina, en tournant la tête vers elle à mesure qu’il passait. Comme s’il y eût eu quelque chose de mystérieux dans ce regard muet, la jeune actrice poussa un cri et tomba évanouie au milieu de ses compagnons. La voiture noire continua son chemin.

Il se fit aussitôt un profond silence, à peine interrompu par le murmure inquiet de la foule. Les masques épouvantés se hâtèrent de donner à la Zoccolina les secours d’usage, qui ne tardèrent pas à lui faire reprendre connaissance. Mais elle n’avoua pas la cause de son évanouissement ; elle demanda qu’on la reconduisît chez elle pour prendre le repos qui lui était nécessaire ; et, en effet, la voiture qui la portait disparut bientôt dans les rues sombres de Padoue.

L’indisposition subite de la jeune actrice préoccupa vivement la foule qui lui donna mille motifs divers, faute d’en connaître le véritable.

Cependant cet accident finit par s’oublier et, chacun retournant à ses jeux, la journée s’acheva à peu près comme toutes les journées de carnaval.

Maintenant, nous allons prendre la liberté de transporter le lecteur dans un autre lieu, à quelque distance de celui où se passait la scène que nous avons essayé de décrire.