Aller au contenu

Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


I


 
Yo soy Merlin, aquel que las historias
Principe de la Mágica y Monarca
Y archivo de la ciencia zoroastrica.
CERVANTES



Au milieu du quartier le plus désert de Padoue, sur les bords de la Brenta, qui cache, entre de sales baraques, son eau bourbeuse, belle seulement dans les vers des poètes, s’élève une tour lombarde, solide encore malgré sa vétusté. Elle est connue du peuple sous le nom de Specola. Cette tour fut construite, au moyen-âge, par les tyrans de Padoue pour leur servir de prison, et l’on raconte plus d’un drame sanglant dont ses pans noircis ont été le théâtre. Quand les vieilles femmes voyaient, il y a quelques années, une lumière solitaire briller la nuit à la dernière fenêtre du donjon, elles faisaient de singuliers récits sur la Specola, ainsi que sur son gardien, le vieux Cornelio, qui partageait, dans leur crédulité superstitieuse, le mauvais renom des murailles entre lesquelles il passait sa vie.

Officiellement, ce vieillard mystérieux n’était autre chose que le gardien d’un quart de cercle et de quelques lunettes détraquées, qui formaient, avec une boussole rouillée, ce qu’il plaisait à la congrégation municipale d’appeler l’Observatoire de la ville. Celui qui aurait voulu se servir de ces instruments pour étudier le cours des astres aurait bien pu faire comme ce savant, qui, découvrant sur la surface du soleil des taches