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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/14

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bizarres, douées d’un mouvement très rapide, finit par entendre ces taches crier, et fut agréablement surpris de trouver un nid de souris dans le tube de son télescope.

Mais si Cornelio avait pour profession ostensible celle de gardien de l’Observatoire, il passait, dans le peuple, pour cultiver plusieurs autres sciences moins légitimes. Les uns l’accusaient d’étudier l’astrologie, les autres le donnaient pour un juif, quelques-uns pour un alchimiste ; on allait même jusqu’à prononcer le nom de sorcier ; et si le lecteur veut entrer avec nous dans le réduit qui lui servait d’habitation, il sera forcé de convenir que les apparences justifiaient jusqu’à un certain point les accusations répandues contre lui par la prévention populaire.

Au dernier étage d’en haut, immédiatement sous la plate-forme de la Specola, était une chambre dont la voûte, en ogive, paraissait évidemment postérieure à la construction du reste de l’édifice. C’est là que vivait Cornelio. On ne voyait, dans cet appartement, rien qui ressemblât à une cheminée ; mais à l’un des bouts on avait établi un large fourneau, au-dessus duquel s’élevait une trace noire et suyeuse qui montait le long du mur jusqu’à la voûte, témoignant de l’usage fréquent auquel ce meuble avait servi. Sur le fourneau étaient rangés pêle-mêle des creusets, des tubes et des cornues, les uns entiers, les autres brisés ; par-dessous, un tas de charbon, sur lequel étaient jetés un soufflet et des pincettes. Une corde, attachée à la rosace qui formait clé de voûte, tenait suspendu, à mi-hauteur de l’appartement, un animal empaillé, d’une forme problématique, moitié crocodile, moitié dragon, qui, se balançant au vent, les pattes et les ailes étendues, semblait toujours prêt à s’élancer sur celui qui pénétrait dans ce séjour de tristesse.

Directement sous cette bête apocalyptique, on voyait, éparse sur une grande table, la bibliothèque poudreuse de Cornelio. C’étaient d’anciens manuscrits couverts de parchemin