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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/26

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— Vieilles idées, poursuivit Cornelio en branlant la tête. Ces substances électro-cristallines ne s’imprègnent pas facilement des esprits animaux qui pivotent à l’entour sans s’y fixer.

— De quels esprits animaux parlez-vous ? demanda l’inconnu.

— Avez-vous lu Platon ?

— Qui ne connaît le sage de la Grèce ? répondit l’homme au domino noir.

— Sage en effet, poursuivit le magicien, et plus sage que ceux qui rient de ses doctrines. Selon ce divin philosophe, les idées ne sont que des images corporelles d’une ténuité extrême qui se détachent incessamment des corps par innombrables essaims. Parmi ces spectres légers qui s’envolent, les uns viennent comme une plume impondérable se déposer dans la mémoire des hommes, les autres remontent à travers l’espace jusqu’à l’immuable destin qui sait tout et qui les recueille. Saisir ces fantômes dans leur vol avant qu’ils soient rentrés dans le sein de Dieu, s’en rendre maître pour subjuguer par là l’être dont ils émanent, telle est la base antique de notre science.

— Il me semble entrevoir une vérité confuse qu’un brouillard me cachait, dit l’étranger en considérant fixement Cornelio.

— Je vous parle sans mystère, continua celui-ci, comme à un homme capable de sucer le lait de la vérité. Subjuguer l’idée, c’est le premier degré de la science ; mais ces principes éthérés et fugitifs, bien puissant serait celui qui leur construirait une prison, qui leur donnerait une fixité durable, qui les soumettrait à l’empire de nos organes grossiers ! Ici commence le travail des sympathies. Comme la feuille d’or légère qui ne se soutient pas par elle-même, mais qui, unie à l’argent, s’y incorpore étroitement, nous aussi, il faut qu’après avoir saisi le spectre subtil dans l’espace nous l’incorporions à quelqu’autre substance qui ne fera plus qu’un avec lui ! Alors nous