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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/32

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IV



 
Carmina vel cœlo possunt deducere lunam.
VIRGILE



À l’extrémité septentrionale de Padoue, l’on trouve, après avoir traversé des quartiers presque entièrement déserts, un vaste emplacement vide, dont l’enceinte ovale, comprise entre des murs de jardin, présente encore la forme d’une arène antique. C’est au fond de cette enceinte que s’élève l’Annunziata in Arena, ancienne église lombarde, qui tire probablement son nom du lieu où elle a été bâtie. Si ce vieux monument, qui offre pour tout portail son pignon triangulaire d’une sévère nudité, n’a rien à l’extérieur qui puisse frapper vivement les curieux, au-dedans il n’en est pas de même. L’étranger, qui est parvenu à trouver cette église solitaire, dont les gens du pays ne connaissent souvent pas le nom, et qui, après l’avoir découverte, a eu encore le bonheur de se la faire ouvrir, y voit fourmiller autour de lui, sur les murailles, d’innombrables figures allégoriques, maigres, sèches, hideuses, des démons qui tenaillent les réprouvés, des Vices à têtes d’animaux et des Vertus qui ne sont guère moins effrayantes. S’il n’est pas un amateur fervent des arts, il pourra détourner la tête de ces vastes fresques, qu’il prendra peut-être pour l’essai barbare d’un barbouilleur ignoré. Mais s’il a été initié au sentiment de la peinture, il contemplera, d’un regard de vénération, ce coloris terreux, ces formes raides et grêles ; il cherchera, sous ces