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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/31

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toute couverte de ses bosquets de mûriers et de vignes, au milieu desquels se détachaient de loin à loin les blancs clochers ou les blanches villas italiennes. La brise de la nuit qui caressait leur front ne leur apportait aucun bruit, sauf les accords de quelques instruments, dernier signal des danses du carnaval. À peine un petit nombre de lumières brillaient-elles encore çà et là dans la ville, qui s’étendait, sombre et silencieuse, au pied de la Specola.

L’étranger semblait respirer avec contentement l’air de la nuit qui ramenait le calme dans son âme ; mais Cornelio, que le froid saisissait sous sa grande robe-de-chambre à fleurs jaunes, le tira de sa rêverie.

« Vous voyez, lui dit-il, blanchir sous les rayons de la lune les coupoles de Saint-Antoine, que créa jadis Nicolas de Pise, avec un souvenir de l’art byzantin. C’est là d’abord que vous dirigerez vos pas. Vous prendrez ensuite la rue del Santo, où vous distinguez encore quelques lumières. Arrivé au bout, vous verrez le tombeau d’Antenor que vous laisserez à gauche, pour suivre la rue Alighieri, qui vous conduira à la place des Gentilshommes. De là, vous marcherez le long de cette ligne blanchâtre qui s’enfonce dans la campagne ; ce sont les remparts de la ville. Cette masse noire, isolée, que vous voyez bien loin par-delà les dernières maisons, c’est l’Annunziata in Arena, où je vous attendrai à minuit sonnant. J’irai moi-même par le Ponte di Legno et par l’autre côté de la ville.

— J’y serai à l’heure dite, » répondit l’étranger ; et, ramenant sur ses yeux le capuchon de son domino, il descendit l’escalier tournant de la tour.