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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/34

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tant il y avait de raideur grotesque dans ses deux longues jambes, qui venaient s’enfoncer dans d’énormes souliers à boucles ; dans sa main relevée sur ses yeux comme pour découvrir un objet éloigné ; dans ses épaules gibbeuses enfin, d’où pendait un petit manteau court, qui semblait accroché à un porte-habit. Cependant, quoi qu’il y eût quelque chose de changé dans son costume habituel l’étranger n’eut aucune difficulté à reconnaître Cornelio, qui l’avait devancé au rendez-vous convenu.

« Vous arrivez bien tard, dit le vieillard ; il est minuit moins cinq minutes.

— Je me suis égaré, répondit le nouveau venu ; mais que regardez-vous donc si attentivement au-dessus de ce portail ?

— Je regarde à cette lucarne si j’y verrai paraître l’esprit dont nous avons besoin.

— Je ne sais si cela vient d’une lumière intérieure ou tout simplement du clair de lune, dit à son tour l’étranger, en mettant sa main au-dessus de ses yeux, mais il me semble que ce trou est éclairé.

— Le temps presse ; il faut que je l’appelle encore une fois, » répondit Cornelio ; et il se dirigea vers la porte de l’église, vénérable ouvrage de bronze ciselé, travaillé à compartiments, du milieu de chacun desquels sortait une tête de moine ou quelque animal symbolique. Sans pitié pour ce travail précieux, devant lequel les connaisseurs s’extasient, il appliqua, contre le métal, deux coups de pied, qui réveillèrent les échos endormis sous les voûtes de l’église, après quoi il revint prendre sa place, pour voir si son dernier appel aurait plus de puissance que les autres.

En effet, à peine était-il de retour que l’étranger crut voir la lucarne s’obscurcir, et qu’il en sortit un corps qui s’élança légèrement dans les airs et disparut dans l’ombre que projetait l’édifice.

« Je crois, dit l’inconnu, que les oiseaux de nuit, seuls