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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/45

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Cornelio se leva, et fit un tour dans la chambre en essuyant ses lunettes, geste qui lui était habituel toutes les fois qu’il se trouvait dans quelque perplexité d’esprit. Celui qui aurait lu dans sa conscience en ce moment, y aurait trouvé d’amers reproches que ce père malheureux s’adressait à lui-même.

N’était-ce pas lui qui était le bourreau de son enfant ? N’était-ce pas contre elle que l’étranger de la veille lui avait fait diriger en aveugle les armes de la science magique, soit par ignorance, soit par le plus cruel calcul de méchanceté ?

Le vieillard résolut de sortir de cette affreuse incertitude.

« Ma chère Esther, dit-il, ne me caches-tu rien ? Il faut tout me dire, si tu veux que je guérisse ton mal, mon enfant. Tu te plains vaguement d’être poursuivie par de mauvais génies, d’éprouver des terreurs. Mais n’as-tu de reproches à te faire envers personne ? N’as-tu pas offensé un homme dont tu crains le ressentiment ?

— Sauriez-vous quelque chose, mon père ? demanda la jeune fille avec un air de timidité et d’étonnement.

— Peut-être, mon enfant. Sois sincère avec ton vieux père, pour qu’il puisse venir à ton secours.

— Eh bien ! oui, lui dit-elle. Vous saurez tout : cela vaudra mieux. »

Elle alla voir s’il n’y avait personne dans l’escalier de la tour ; puis, après avoir refermé la porte avec soin, elle revint vers son père devant lequel elle resta debout, en lui jetant un regard mélancolique qui semblait demander grâce pour ce qu’elle allait dire.