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LES MILLE ET UNE NUITS,

transporter et les négocier au nôtre.

» Dans le temps que nous étions prêts à nous rembarquer pour notre retour, je rencontrai sur le bord de la mer une dame assez bien faite, mais fort pauvrement habillée. Elle m’aborda, me baisa la main, et me pria, avec les dernières instances, de la prendre pour femme, et de l’embarquer avec moi. Je fis difficulté de lui accorder ce qu’elle demandoit ; mais elle me dit tant de choses pour me persuader que je ne devois pas prendre garde à sa pauvreté, et que j’aurois lieu d’être content de sa conduite, que je me laissai vaincre. Je lui fis faire des habits propres ; et après l’avoir épousée par un contrat de mariage en bonne forme, je l’embarquai avec moi, et nous mîmes à la voile.

» Pendant notre navigation, je trouvai de si belles qualités dans la femme que je venois de prendre, que je l’aimois tous les jours de plus en plus. Cependant mes deux frères, qui n’avoient pas si bien fait leurs