Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
216
LES MILLE ET UNE NUITS,

le jeta dans un puits. Après cette expédition, il alla se coucher dans le lit du noir, mit son sabre près de lui sous la couverture, et demeura pour achever ce qu’il avoit projeté.

La magicienne arriva bientôt. Son premier soin fut d’aller dans la chambre où étoit le roi des Isles Noires, son mari. Elle le dépouilla, et commença par lui donner sur les épaules les cent coups de nerf de bœuf, avec une barbarie qui n’a point d’exemple. Le pauvre prince avoit beau remplir le palais de ses cris, et la conjurer de la manière du monde la plus touchante, d’avoir pitié de lui, la cruelle ne cessa de le frapper, qu’après lui avoir donné les cent coups. « Tu n’as pas eu compassion de mon amant, lui disoit-elle, tu n’en dois point attendre de moi…

Scheherazade aperçut le jour en cet endroit, ce qui l’empêcha de continuer son récit. « Mon Dieu, ma sœur, dit Dinarzade, voilà une magicienne bien barbare ! Mais en demeurerons-nous là ? et ne nous apprendrez-vous