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CONTES ARABES.

des mesures qu’il y avoit à prendre pour faire réussir ce projet, dont l’exécution fut remise au jour suivant. Cependant la nuit étant fort avancée, le sultan prit quelque repos. Pour le jeune prince, il la passa à son ordinaire, dans une insomnie continuelle (il ne pouvoit dormir depuis qu’il étoit enchanté) ; mais avec quelque espérance néanmoins d’être bientôt délivré de ses souffrances.

Le lendemain, le sultan se leva dès qu’il fut jour ; et pour commencer à exécuter son dessein, il cacha dans un endroit son habillement de dessus, qui l’auroit embarrassé, et s’en alla au Palais des larmes. Il le trouva éclairé d’une infinité de flambeaux de cire blanche, et il sentit une odeur délicieuse qui sortoit de plusieurs cassolettes de fin or, d’un ouvrage admirable, toutes rangées dans un fort bel ordre. D’abord qu’il aperçut le lit où le noir étoit couché, il tira son sabre, et ôta, sans résistance, la vie à ce misérable, dont il traîna le corps dans la cour du château, et