Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/363

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
327
CONTES ARABES.

me fit asseoir près de lui. Il me demanda qui j’étois, d’où je venois, et ce qui m’avoit amené. Je ne lui déguisai rien de tout ce qui m’étoit arrivé, et ne fis pas même difficulté de lui découvrir ma condition. Le tailleur m’écouta avec attention ; mais lorsque j’eus achevé de parler, au lieu de me donner de la consolation, il augmenta mes chagrins. « Gardez-vous bien, me dit-il, de faire confidence à personne de ce que vous venez de m’apprendre ; car le prince qui règne en ces lieux, est le plus grand ennemi qu’ait le roi votre père, et il vous feroit, sans doute, quelqu’outrage, s’il étoit informé de votre arrivée en cette ville. » Je ne doutai point de la sincérité du tailleur, quand il m’eut nommé le prince. Mais comme l’inimitié qui est entre mon père et lui, n’a pas de rapport avec mes aventures, vous trouverez bon, madame, que je la passe sous silence.

» Je remerciai le tailleur de l’avis qu’il me donnoit, et lui témoignai