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LES MILLE ET UNE NUITS,

Il y a vingt-cinq ans que j’y demeure, et pendant tout ce temps-là, je n’y ai pas vu d’autre homme que vous. »

» Sa grande beauté, qui m’avoit déjà donné dans la vue, sa douceur et l’honnêteté avec laquelle elle me recevoit, me donnèrent la hardiesse de lui dire : « Madame, avant que j’aie l’honneur de satisfaire votre curiosité, permettez-moi de vous dire que je me sais un gré infini de cette rencontre imprévue, qui m’offre l’occasion de me consoler dans l’affliction où je suis, et peut-être celle de vous rendre plus heureuse que vous n’êtes. » Je lui racontai fidèlement par quel étrange accident elle voyoit en ma personne le fils d’un roi, dans l’état où je paroissois en sa présence, et comment le hasard avoit voulu que je découvrisse l’entrée de sa prison magnifique, mais ennuyeuse, selon toutes les apparences. »

« Hélas ! prince, dit-elle en soupirant encore, vous avez bien raison de croire que cette prison si riche et si pompeuse, ne laisse pas d’être un