Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/371

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
335
CONTES ARABES.

séjour fort ennuyeux. Les lieux les plus charmans ne sauroient plaire lorsqu’on y est contre sa volonté. Il n’est pas possible que vous n’ayez jamais entendu parler du grand Epitimarus, roi de l’isle d’Ébène, ainsi nommée à cause de ce bois précieux qu’elle produit si abondamment. Je suis la princesse sa fille. Le roi mon père m’avoit choisi pour époux un prince qui étoit mon cousin ; mais la première nuit de mes noces, au milieu des réjouissances de la cour et de la capitale du royaume de l’isle d’Ébène, avant que je fusse livrée à mon mari, un génie m’enleva. Je m’évanouis en ce moment, je perdis toute connoissance ; et lorsque j’eus repris mes esprits, je me trouvai dans ce palais. J’ai été long-temps inconsolable ; mais le temps et la nécessité m’ont accoutumée à voir et à souffrir le génie. Il y a vingt-cinq ans, comme je vous l’ai déjà dit, que je suis dans ce lieu où je puis dire que j’ai à souhait tout ce qui est nécessaire à la vie, et tout ce qui peut conten-