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LES MILLE ET UNE NUITS,

me faire une prière si dangereuse ? Vous savez que le sultan a fait serment sur son ame de ne coucher qu’une seule nuit avec la même femme et de lui faire ôter la vie le lendemain, et vous voulez que je lui propose de vous épouser ? Songez-vous bien à quoi vous expose votre zèle indiscret ? » « Oui, mon père, répondit cette vertueuse fille, je connois tout le danger que je cours, et il ne sauroit m’épouvanter. Si je péris, ma mort sera glorieuse ; et si je réussis dans mon entreprise, je rendrai à ma patrie un service important. » « Non, non, dit le visir, quoi que vous puissiez me représenter pour m’intéresser à vous permettre de vous jeter dans cet affreux péril, ne vous imaginez pas que j’y consente. Quand le sultan m’ordonnera de vous enfoncer le poignard dans le sein, hélas ! il faudra bien que je lui obéisse. Quel triste emploi pour un père ! Ah ! si vous ne craignez point la mort, craignez du moins de me causer la douleur mortelle