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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/16

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LES MILLE ET UNE NUITS,

voyages. Ils vantèrent les beautés et les singularités de quelques royaumes et de leurs villes principales ; mais un de mes oncles dit, que si l’on en vouloit croire le rapport uniforme d’une infinité de voyageurs, il n’y avoit pas au monde un plus beau pays que l’Égypte, et un plus beau fleuve que le Nil ; et ce qu’il en raconta, m’en donna une si grande idée, que dès ce moment je conçus le désir d’y voyager. Ce que mes autres oncles purent dire pour donner la préférence à Bagdad et au Tigre, en appelant Bagdad le véritable séjour de la religion musulmane et la métropole de toutes les villes de la terre, ne fit pas la même impression sur moi. Mon père appuya le sentiment de celui de ses frères qui avoit parlé en faveur de l’Égypte, ce qui me causa beaucoup de joie. « Quoi qu’on en veuille dire, s’écria-t-il, qui n’a pas vu l’Égypte, n’a pas vu ce qu’il y a de plus singulier au monde. La terre y est toute d’or, c’est-à-dire, si fertile, qu’elle enrichit ses