Aller au contenu

Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
LES MILLE ET UNE NUITS,

d’une manière obligeante qu’il étoit le bien-venu, et lui demanda ce qu’il souhaitoit. « Seigneur, lui répondit mon frère d’un air à lui faire pitié, je suis un pauvre homme qui ai besoin de l’assistance des personnes puissantes et généreuses comme vous. » Il ne pouvoit mieux s’adresser qu’à ce seigneur, qui étoit recommandable par mille belles qualités.

» Le Barmecide parut étonné de la réponse de mon frère ; et portant ses deux mains à son estomac, comme pour déchirer son habit en signe de douleur : « Est-il possible, s’écria-t-il, que je sois à Bagdad, et qu’un homme tel que vous, soit dans la nécessité que vous dites ? Voilà ce que je ne puis souffrir. » À ces démonstrations, mon frère prévenu qu’il alloit lui donner une marque singulière de sa libéralité, lui donna mille bénédictions, et lui souhaita toute sorte de biens. « Il ne sera pas dit, reprit le Barmecide, que je vous abandonne, et je ne prétends pas non plus que vous m’abandonniez. »