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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/209

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CONTES ARABES.

« Seigneur, répliqua mon frère, je vous jure que je n’ai rien mangé d’aujourd’hui. » « Est-il bien vrai, repartit le Barmecide, que vous soyez à jeun, à l’heure qu’il est ? Hélas, le pauvre homme ! Il meurt de faim ! Holà, garçon, ajouta-t-il en élevant la voix, qu’on apporte vite le bassin et l’eau ; que nous nous lavions les mains. » Quoiqu’aucun garçon ne parût, et que mon frère ne vit ni bassin ni eau, le Barmecide néanmoins ne laissa pas de se frotter les mains comme si quelqu’un eût versé de l’eau dessus ; et en faisant cela, il disoit à mon frère : « Approchez donc, lavez-vous avec moi. » Schacabac jugea bien par-là que le seigneur Barmecide aimoit à rire ; et comme il entendoit lui-même la raillerie, et qu’il n’ignoroit pas la complaisance que les pauvres doivent avoir pour les riches, s’ils en veulent tirer bon parti, il s’approcha et fit comme lui.

« Allons, dit alors le Barmecide, qu’on apporte à manger, et qu’on ne