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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/223

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nité, de la perte qu’il croyoit avoir faite.

» Le Bedouin avoit une femme assez jolie, et souvent quand il alloit faire ses courses, il laissoit mon frère seul avec elle. Alors la femme n’oublioit rien pour consoler mon frère de la rigueur de l’esclavage. Elle lui faisoit assez connoître qu’elle l’aimoit ; mais il n’osoit répondre à sa passion, de peur de s’en repentir, et il évitoit de se trouver seul avec elle, autant qu’elle cherchoit l’occasion d’être seule avec lui. Elle avoit une si grande habitude de badiner et de jouer avec le cruel Schacabac toutes les fois qu’elle le voyoit, que cela lui arriva un jour en présence de son mari. Mon frère, sans prendre garde qu’il les observoit, s’avisa, pour ses péchés, de badiner aussi avec elle. Le Bedouin s’imagina aussitôt qu’ils vivoient tous deux dans une intelligence criminelle ; et ce soupçon le mettant en fureur, il se jeta sur mon frère ; et après l’avoir mutilé d’une manière barbare, il le conduisit sur