Aller au contenu

Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
296
LES MILLE ET UNE NUITS,

qu’il y avoit long-temps que vous n’étiez plus dans le palais, et lui mis l’esprit en repos de ce côté-là. Je me gardai bien de lui parler de l’évanouissement du prince de Perse, de peur de la faire retomber dans l’état d’où nos soins l’avoient tirée avec tant de peine ; mais ma précaution fut inutile, comme vous l’allez entendre. « Prince, s’écria-t-elle alors, je renonce désormais à tous les plaisirs, tant que je serai privée de celui de ta vue. Si j’ai bien pénétré dans ton cœur, je ne fais que suivre ton exemple. Tu ne cesseras de verser des larmes, que tu ne m’aies retrouvée ; il est juste que je pleure et que je m’afflige jusqu’à ce que tu sois rendu à mes vœux. » En achevant ces paroles, qu’elle prononça d’une manière qui marquoit la violence de sa passion, elle s’évanouit une seconde fois entre mes bras…

En cet endroit, Scheherazade voyant paroître le jour, cessa de parler. La nuit suivante, elle poursuivit de cette sorte :