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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/306

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LES MILLE ET UNE NUITS,

conseils. Mais, hélas, peuvent-ils m’être utiles ? Il ne nous est pas permis de nous flatter de quelque espérance, et ce n’est que dans le tombeau que nous devons attendre la fin de nos tourmens. » Une de mes compagnes voulut la détourner de ses tristes pensées en chantant un air sur son luth ; mais elle lui imposa silence, et lui ordonna, comme à toutes les autres, de se retirer. Elle ne retint que moi pour passer la nuit avec elle. Quelle nuit, ô ciel ! Elle la passa dans les pleurs et dans les gémissemens ; et nommant sans cesse le prince de Perse, elle se plaignoit du sort qui l’avoit destinée au calife qu’elle ne pouvoit aimer, et non pas à lui qu’elle aimoit éperdument. Le lendemain, comme elle n’étoit pas commodément dans le salon, je l’aidai à passer dans son appartement, où elle ne fut pas plutôt arrivée, que tous les médecins du palais vinrent la voir par ordre du calife ; et ce prince ne fut pas long-temps sans venir lui-même. Les remèdes que les méde-