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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/372

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LES MILLE ET UNE NUITS,

où il prétendoit le mener, commençoit à perdre patience, lorsqu’ils arrivèrent à une place qui conduisoit au Tigre. Dès qu’ils furent sur le bord du fleuve, ils s’embarquèrent dans un petit bateau, et passèrent de l’autre côté. Alors l’inconnu mena le joaillier par une longue rue où il n’avoit été de sa vie ; et après lui avoir fait traverser je ne sais combien de rues détournées, il s’arrêta à une porte qu’il ouvrit. Il fit entrer le joaillier, referma et barra la porte d’une grosse barre de fer, et le conduisit dans une chambre où il y avoit dix autres hommes qui n’étoient pas moins inconnus au joaillier que celui qui l’avoit amené.

Ces dix hommes reçurent le joaillier sans lui faire beaucoup de complimens. Ils lui dirent de s’asseoir ; ce qu’il fit. Il en avoit grand besoin ; car il n’étoit pas seulement hors d’haleine d’avoir marché si long-temps, la frayeur dont il étoit saisi de se voir avec des gens si propres à lui en causer, ne lui auroit pas permis de de-