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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/474

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LES MILLE ET UNE NUITS,

« Quoi, Ma belle dame, dit le prince, vous ne vous éveillez pas à ces marques d’amour du prince Camaralzaman ! Qui que vous soyez, il n’est pas indigne du vôtre. » Il alloit l’éveiller tout de bon ; mais il se retint tout-à-coup. « Ne seroit-ce pas, dit-il en lui-même, celle que le sultan mon père vouloit me donner en mariage ? Il a eu grand tort de ne me la pas faire voir plus tôt. Je ne l’aurois pas offensé par ma désobéissance et par mon emportement si public contre lui, et il se fût épargné à lui-même la confusion que je lui ai donnée. » Le prince Camaralzaman se repentit sincèrement de la faute qu’il avoit commise, et il fut encore sur le point d’éveiller la princesse de la Chine. « Peut-être aussi, dit-il en se reprenant, que le sultan mon père veut me surprendre : sans doute qu’il a envoyé cette jeune dame pour éprouver si j’ai véritablement autant d’aversion pour le mariage, que je lui en ai fait paroître. Qui sait s’il ne l’a pas amenée lui-même, et s’il n’est