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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/473

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CONTES ARABES.

un saut en arrière, et à reprendre sa forme ordinaire, invisible néanmoins comme les deux génies, pour être témoin de ce qu’il alloit faire.

En retirant la main, le prince la laissa tomber sur celle de la princesse de la Chine. Il ouvrit les yeux, et il fut dans la dernière surprise de voir une dame couchée près de lui, et une dame d’une si grande beauté. Il leva la tête, et s’appuya du coude pour la mieux considérer. La grande jeunesse de la princesse, et sa beauté incomparable, l’embrasèrent en un instant d’un feu auquel il n’avoit pas encore été sensible, et dont il s’étoit gardé jusqu’alors avec tant d’aversion.

L’amour s’empara de son cœur de la manière la plus vive, et il ne put s’empêcher de s’écrier : « Quelle beauté ! Quels charmes ! Mon cœur ! Mon ame ! » Et en disant ces paroles, il la baisa au front, aux deux joues et à la bouche avec si peu de précaution, qu’elle se fût éveillée si elle n’eût dormi plus fort qu’à l’ordinaire par l’enchantement de Danhasch.