Aller au contenu

Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/547

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
539
CONTES ARABES.

cesse Badoure, l’un et l’autre au comble de leurs souhaits, jouirent des douceurs de l’hymen ; et, pendant plusieurs mois, le roi de la Chine ne cessa de témoigner sa joie par des fêtes continuelles.

Au milieu de ces plaisirs, le prince Camaralzaman eut un songe une nuit dans lequel il lui sembla voir le roi Schahzaman son père, au lit, prêt à rendre l’âme, qui disoit : « Ce fils que j’ai mis au monde, que j’ai chéri si tendrement, ce fils m’a abandonné, et lui-même est cause de ma mort. » Il s’éveilla en poussant un grand soupir, qui éveilla aussi la princesse, et la princesse Badoure lui demanda de quoi il soupiroit.

« Hélas, s’écria le prince, peut-être qu’à l’heure où je parle, le roi mon père n’est plus de ce monde ! » Et il lui raconta le sujet qu’il avoit d’être troublé d’une si triste pensée. Sans lui parler du dessein qu’elle conçut sur ce récit, la princesse qui ne cherchoit qu’à lui complaire, et qui connut que le desir de revoir le roi