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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/63

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CONTES ARABES.

d’autres choses encore, que je rompis le silence ; je lui déclarai mon mal ; je lui appris l’endroit où j’avois vu l’objet qui le causoit, et lui expliquai toutes les circonstances de mon aventure. « Si vous réussissez, lui dis-je, et que vous me procuriez le bonheur de voir cette beauté charmante, et de l’entretenir de la passion dont je brûle pour elle, vous pouvez compter sur ma reconnoissance. » « Mon fils, me répondit la vieille dame, je connois la personne dont vous me parlez ; elle est, comme vous l’avez fort bien jugé, fille du premier cadi de cette ville. Je ne suis point étonnée que vous l’aimiez : c’est la plus belle et la plus aimable dame de Bagdad ; mais, ce qui me chagrine, elle est très-fière et d’un très-difficile accès. Vous savez combien nos gens de justice sont exacts à faire observer les dures lois qui retiennent les femmes dans une contrainte si gênante : ils le sont encore davantage à les observer eux-mêmes dans leurs familles, et le cadi que vous avez vu, est lui seul plus