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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/67

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CONTES ARABES.

sai de profonds soupirs en abondance, et laissai couler quelques larmes, « Ma bonne mère, me dit-elle, qu’avez-vous ? Pourquoi paroissez-vous si affligée ? » « Hélas ! ma chère et honorable dame, lui répondis-je, je viens de chez le jeune seigneur de qui je vous parlois l’autre jour ; c’en est fait, il va perdre la vie pour l’amour de vous : c’est un grand dommage, je vous assure, et il y a bien de la cruauté de votre part. « Je ne sais, répliqua-t-elle, pourquoi vous voulez que je sois cause de sa mort ? Comment puis-je y avoir contribué ? » « Comment, lui repartis-je ? Hé, ne vous disois-je pas l’autre jour qu’il étoit assis devant votre fenêtre lorsque vous l’ouvrîtes pour arroser votre vase de fleurs ? Il vit ce prodige de beauté, ces charmes que votre miroir vous représente tous les jours ; depuis ce moment, il languit, et son mal s’est tellement augmenté, qu’il est enfin réduit au pitoyable état que j’ai eu l’honneur de vous dire…