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CONTES ARABES.

me encore d’avoir été fidèle à vous-même au point que vous l’avez été. Le pas étoit bien glissant, et je ne puis assez admirer comment, après avoir vu la fin de votre argent comptant, vous avez eu assez de modération pour ne pas dissiper votre revenu, et même votre fonds. Pour vous dire ce que j’en pense, je tiens que vous êtes le seul débauché à qui pareille chose est arrivée, et à qui elle arrivera peut-être jamais. Enfin, je vous avoue que j’envie votre bonheur. Vous êtes le plus heureux mortel qu’il y ait sur la terre, d’avoir chaque jour la compagnie d’un honnête homme avec qui vous pouvez vous entretenir si agréablement, et à qui vous donnez lieu de publier partout la bonne réception que vous lui faites. Mais ni vous ni moi, nous ne nous apercevons pas que c’est parler trop long-temps sans boire : buvez, et versez-m’en ensuite. » Le calife et Abou Hassan continuèrent de boire long-temps en s’entretenant de choses très-agréables.