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LES MILLE ET UNE NUITS,

La nuit étoit déjà fort avancée, et le calife en feignant d’être fort fatigué du chemin qu’il avoit fait, dit à Abou Hassan qu’il avoit besoin de repos. « Je ne veux pas aussi de mon côté, ajouta-t-il, que vous perdiez rien du vôtre pour l’amour de moi. Avant que nous nous séparions (car peut-être serai-je sorti demain de chez vous avant que vous soyez éveillé), je suis bien aise de vous marquer combien je suis sensible à votre honnêteté, à votre bonne chère et à l’hospitalité que vous avez exercée envers moi si obligeamment. La seule chose qui me fait de la peine, c’est que je ne sais par quel endroit vous en témoigner ma reconnoissance. Je vous supplie de me le faire connoître, et vous verrez que je ne suis pas un ingrat. Il ne se peut pas faire qu’un homme comme vous n’ait quelqu’affaire, quelque besoin, et ne souhaite enfin quelque chose qui lui feroit plaisir. Ouvrez votre cœur, et parlez-moi franchement. Tout marchand que je suis, je ne