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LES MILLE ET UNE NUITS,

bien et du plaisir que vous m’aurez fait. »

» J’offrois peu de chose, il est vrai, mais c’étoit beaucoup à ce qu’il me paroissoit, par rapport à l’excès d’avarice qui s’étoit emparé tout-à-coup de mon cœur, depuis qu’il m’avoit fait cette confidence ; et je regardois les soixante-dix-neuf charges qui devoient rester comme presque rien, en comparaison de celle dont je me priverois, en la lui abandonnant.

» Le derviche qui vit ma passion étrange pour les richesses, ne se scandalisant pourtant pas de l’offre déraisonnable que je venois de lui faire : « Mon frère, me dit-il sans s’émouvoir, vous voyez bien vous-même que ce que vous m’offrez n’est pas proportionné au bienfait que vous demandez de moi. Je pouvois me dispenser de vous parler du trésor et garder mon secret ; mais ce que j’ai bien voulu vous en dire, peut vous faire connoître la bonne intention que j’avois et que j’ai encore de vous obliger et de vous don-