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CONTES ARABES.

avec cette goule. Elles déterrèrent un mort qu’on avoit enterré le même jour, et la goule en coupa des morceaux de chair à plusieurs reprises, qu’elles mangèrent ensemble, assises sur le bord de la fosse. Elles s’entretenoient fort tranquillement, en faisant un repas si cruel et si inhumain ; mais j’étois trop éloigné, et il ne me fut pas possible de rien comprendre de leur entretien, qui devoit être aussi étrange que leur repas, dont le souvenir me fait encore frémir.

» Quand elles eurent fini cet horrible repas, elles jetèrent le reste du cadavre dans la fosse qu’elles remplirent de la terre qu’elles en avoient ôtée. Je les laissai faire, et je regagnai en diligence notre maison. En entrant, je laissai la porte de la rue entr’ouverte comme je l’avois trouvée ; et après être rentré dans ma chambre, je me recouchai, et je fis semblant de dormir.

» Amine rentra peu de temps après, sans faire de bruit ; elle se déshabilla, et elle se recoucha de même avec la