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LES MILLE ET UNE NUITS,

joie, comme je me l’imaginai, d’avoir si bien réussi, sans que je m’en fusse aperçu.

» L’esprit rempli de l’idée d’une action aussi barbare et aussi abominable que celle dont je venois d’être témoin, avec la répugnance que j’avois de me voir couché près de celle qui l’avoit commise, je fus long-temps à pouvoir me rendormir. Je dormis pourtant ; mais d’un sommeil si léger, que la première voix qui se fit entendre pour appeler à la prière publique de la pointe du jour, me réveilla. Je m’habillai, et je me rendis à la mosquée.

» Après la prière, je sortis hors de la ville, et je passai la matinée à me promener dans les jardins, et à songer au parti que je prendrois pour obliger ma femme à changer de manière de vivre. Je rejetai toutes les voies de violence qui se présentèrent à mon esprit, et je résolus de n’employer que celles de la douceur, pour la retirer de la malheureuse inclination qu’elle avoit. Ces pensées me conduisirent