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CONTES ARABES.

marmottant entre ses dents quelques paroles que je n’entendis pas ; et en me jetant de cette eau au visage, elle me dit d’un ton furieux :

« Malheureux, reçois la punition de ta curiosité, et deviens chien. »

» À peine Amine, que je n’avois pas encore connue pour magicienne, eut-elle vomi ces paroles diaboliques, que tout-à-coup je me vis changé en chien. L’étonnement et la surprise ou j’étois d’un changement si subit et si peu attendu, m’empêchèrent de songer d’abord à me sauver, ce qui lui donna le temps de prendre un bâton pour me maltraiter. En effet, elle m’en appliqua de si grands coups, que je ne sais comment je ne demeurai pas mort sur la place. Je crus échapper à sa rage en fuyant dans la cour, mais elle m’y poursuivit avec la même fureur, et de quelque souplesse que je pus me servir en courant de côté et d’autre pour les éviter, je ne fus pas assez adroit pour m’en défendre, et il fallut en essuyer beaucoup