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Page:Les Tableaux vivants, 1997.djvu/32

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— Vous m’aimez ?

— Je vous aime.

— Et si je vous demandais d’être à moi… à moi tout entière avant que d’être à lui.

— Ah !… que faites-vous Richard ?

D’une main j’écartais son corsage, de l’autre je soulevais les plis de gaze dont elle était enveloppée. Ce beau corps était tout moite de la chaleur du bal. Une odeur d’essence de violette mêlée à je ne sais quel parfum subtil et fauve s’éleva dans la chambre. Une goutte de sueur roulait comme une rosée tiède entre les deux seins de la jeune fille, une autre perlait sur sa cuisse. Mes doigts se noyèrent dans une motte épaisse, une véritable fourrure… Je la branlai.

Quand je songe à présent combien elle était belle avec son énorme chevelure noire tordue à la diable, avec ses yeux également noirs, brûlants et doux, ses traits hardis, sa bouche un peu épaisse, d’un rouge éclatant, je crois être encore au commencement de mon rêve. Suzanne avait au-dessus de la lèvre une moustache, une vraie moustache de jeune garçon. En vérité, elle était presque aussi velue qu’un homme. Mais elle avait une main de duchesse et un pied de fée.

Je m’agenouillai devant elle, me glissant sous ses jupes légères, qui retombèrent sur moi et m’ensevelirent sous leurs plis. Ma bouche rencontra un clitoris plus gros et plus long que ne l’ont la plupart des femmes. Je me mis à le sucer avec une avidité presque furieuse.

Je pense toujours avec indignation qu’il y a des malheureux Béotiens qui n’ont jamais fait ce genre de caresses à leur maîtresse et qui se flattent de la connaître.

Il n’y a que le baiser pour pénétrer dans l’intimité d’une femme et lui aller jusqu’au cœur. Le membre est aveugle, les lèvres et la langue sont autrement subtiles et sûres…