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Page:Les Tableaux vivants, 1997.djvu/85

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XIII

LA GOULE

C’étaient de douces et honnêtes amours que les nôtres. Le sacrement seul y manquait. Ma petite Lucette s’en consolait en me disant : « Je suis ta femme devant Dieu ! » J’avais vingt ans, [elle] dix-sept. Tout n’était pour nous que poésie au monde. Nous parlions du ciel et du bonheur des anges, et lorsque nous consommions le voluptueux sacrifice, nous appelions cela : confondre nos âmes.

Nos plaisirs étaient faits de si chastes caresses ! Le soir, assis devant le foyer, Lucette sur mes genoux, comme nous devisions tous les deux ! Si mes mains s’égaraient sous les jupes de ma maîtresse, elle soupirait : « Ah ! le vilain homme ! » Et se renversant sur mon épaule, attirant ma tête vers la sienne, elle me buvait longuement les yeux, tandis que je la branlais. Bientôt le lit nous recevait et se remplissait de plaintes et de murmures.