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Il y eut à ce moment un éclair dans ses beaux yeux si doux et toujours volontiers humides. « Voilà, me dis-je, une heure du berger qui sonne et que je n’attendais point. » Je mis le bras de Lucette sous le mien. Nous arrivâmes à mon logis tout en riant et en jasant. Lucette, une fois la porte bien close, me donna le plus amoureux, le plus chaud des baisers. Je me mis à penser au capitaine. Pauvre dragon. Je délivrai sa petite femme de son chapeau, de son manteau, et je la fis asseoir sur un sofa. Nouveaux baisers.

Cependant mes mains la parcouraient toute entière. Quelle fut ma surprise de voir sa main, sa main si timide autrefois, se glisser dans mon pantalon, l’ouvrir, en tirer ce que vous pensez bien !… Eh quoi ! Est-ce que je rêvais ? Elle se jeta sur ce noble outil (j’ose dire qu’il est noble !) et le baisa ! Lucette, Lucette, est-ce bien vous ? Quel chemin vous a fait faire le capitaine !

Je venais de lui ôter sa robe… Son sein était aussi pur, son épaule aussi fraîche et ronde qu’autrefois. Le reste à l’avenant. Je murmurai si bas, si bas qu’elle aurait pu ne point l’entendre :

— Faut-il ôter aussi cette chemise ?

Elle se mit à rire et la chemise tomba.

Mes lèvres allaient chercher la coupe où jadis il ne m’était permis de boire que dans l’ombre… Ô changement ! Ô mystère ! Ô surprise des surprises !

— Tête-bêche alors ! me dit Lucette.

La voilà posée sur moi, sa coupe d’amour sur ma bouche, tandis que sa bouchette rose s’attaquait à ce membre que naguère elle osait à peine toucher du bout des doigts. Du premier coup elle se le poussa jusqu’au fond de la gorge. Quelle langue alerte ! Quelles lèvres savantes ! Lucette pompait de toute son âme, avec une passion ! avec