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Page:Les Tableaux vivants, 1997.djvu/92

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— Tu les entends ! dis-je à Thérèse.

— Elles se trompent ! fit-elle. Tribade !… Pas encore !

Il régnait dans cette salle, brillamment éclairée, une forte odeur mélangée d’iris et de sueur, de musc et de foutre. La pièce d’ailleurs était meublée et tendue de velours rouge. Rien de plus froid ni de plus banal. Pas même une image galante à la muraille. On eût dit le boudoir d’un notaire.

La servante cria :

— Toutes ces dames au salon !

Des dames, il en venait de partout. On en vit entrer par toutes les portes, en robes jaunes, en robes rouges, en robes bleues. Corsage ouvert jusqu’à la ceinture et laissant passer et ruisseler la gorge ; jupes attachées par un fil, prêtes à tomber en un moment. Vénus alors, la Vénus impudique émergeait toute nue de ce flot de velours, de dentelles ou de soie, — nue, toute nue, absolument nue comme un ver.

Thérèse s’était assise tremblante et confuse, malgré sa hardiesse naturelle, au bout d’un sofa. La troupe cynique vint tournoyer autour d’elle.

— Bonjour, beau garçon.

— Fais ton choix, bel homme.

— Viens ! Je sais ce que tu es, je te lécherai, je te sucerai… Oh ! nous sommes accoutumées à amuser les dames de la cour…

— Faites votre choix ! cria la servante.

— Viens, mon homme, dit une grosse fille qui aimait à rire… Tu es bien ce qu’il me faut. Qu’est-ce que je demande ?… Un louis et dix pouces !… Ce gaillard-là doit être monté comme un cheval !

Mais une grande et forte ribaude, qui portait on ne sait