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Page:Les Tableaux vivants, 1997.djvu/93

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pourquoi un costume de Suissesse avec des tresses flottantes, et qu’on appelait Gretchen, vint s’asseoir sur les genoux de Thérèse, et, passant la main sur le pantalon de la belle avec une gravité comique, s’écria :

— Il bande ! Alors ce furent des cris, des vivats, des rires, des trépignements dans toute la salle.

— Gretchen ! Qu’il te le fasse devant nous !

— En levrette, en levrette !

— Il bande ! Il bande !

Et la servante répéta :

— Faites votre choix ! d’une voix de tonnerre.

Sur un signe que je leur fis, Gretchen la Suissesse et une de ses complices, qui s’appelait Ida, entraînèrent madame de Charnac. Je les suivis. Thérèse murmura je ne sais quelle protestation inintelligible ; et moi je lui dis :

— C’est la mode !

Dans la chambre où nous entrâmes, il y avait un grand lit tout entouré de glaces. Gretchen se mit en devoir de déculotter sa belle visiteuse, dont les dents claquaient comme si on l’avait conduite au dernier supplice, et pourtant déjà les doigts de l’adroite Suissesse la chatouillaient.

Ida me disait :

— Faites-nous votre petit cadeau.

Je déposai quatre louis sur la cheminée. Et comme cette fille s’empressait autour de moi je lui montrai Thérèse entièrement déculottée !…

— Tout pour elle ! m’écriai-je.

Bientôt je les vis nues toutes les trois. Les glaces qui entouraient le lit reflétaient ces trois corps enlacés. Les deux prostituées du ruisseau tenaient embrassée entre elles la prostituée du grand monde. Elles la mirent au bord du