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Page:Les Tableaux vivants, 1997.djvu/98

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le lendemain avec elle et une petite amie « avec qui je m’arrangerais bien. » Ce sont là les termes de sa lettre.

Le lendemain j’arrivai à l’heure dite. Le déjeuner était servi dans le boudoir tendu de satin rouge. Cora me présenta la jeune amie, qui se nommait Hyacinthe.

Hyacinthe était une grande fille, blanche, potelée, avec des cheveux du plus beau rouge vénitien que l’on pût voir. L’idée me vint aussitôt qu’ils étaient teints, suivant la mode du jour, que je goûte fort. Hyacinthe qui paraissait dix-huit ans au plus, avait de beaux yeux d’un brun clair, avec une grande pureté de traits et une bouche divine. Je lui demandai la permission de la baiser. Ce qu’elle m’accorda sans hésiter. Une fraîche haleine m’embauma. Cora, se penchant alors à mon oreille, me dit :

— Tu sais que je ne suis point jalouse !

On se mit à table ; les propos s’échauffèrent. Cora caressait Hyacinthe, à qui elle disait en me montrant du doigt :

Rends-lui mes caresses.

La bouche d’Hyacinthe vint de nouveau s’attacher à la mienne. Nos langues se mêlèrent… J’étais ravi de tant de grâce, de fraîcheur et de naïf abandon.

— Hyacinthe, donnez-moi votre sein à sucer, lui dis-je.

Là-dessus, voilà-t-il pas Cora qui part d’un grand éclat de rire ! Hyacinthe l’imite, les deux folles se pâment. Et moi je leur dis :

— Qu’avez-vous ? Cela les fit rire plus fort.

Cependant nous commencions de sabler le champagne. Les yeux de Cora se couvraient d’un voile, ceux d’Hyacinthe brillaient comme deux clairs soleils. Je la tenais serrée contre moi. Les mains de la belle enfant s’égarèrent, cherchant la preuve de l’émotion qu’elle me