Page:Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, 1933.djvu/127

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« Eh quoi ! fit-il, Madelon, la voilà !…
Celle qu’un jour, à mon bras suspendue,
Je fis entrer, joyeux, à la maison,
La voilà roide, immobile, étendue…
Oh ! comme au temps de sa verte saison
Elle était fraîche et gaillarde ! Ses hanches
Faisaient dresser, sous leurs cottes si blanches,
Les vits de tous… Hélas ! c’est dans ce lit
Où le trépas la couche et la pâlit,
Que je lui pris son mignon pucelage.
Ô douce nuit ! Oh ! le blanc étalage
De ferme chair ! Son corps solide ouvrait
Avec ardeur ses jambes amoureuses ;
J’aurais alors juré qu’on ne pourrait
Jamais forcer les portes ténébreuses
Par où la pine arrive jusqu’au cœur
De l’épousée attendant son bonheur !
Que je bandais ! Ô Dieu ! je bande encore
En cet instant où je me remémore
Cette nuit-là. J’écartais doucement
Ses poils frisés, tout en couvrant ses charmes… »

Et ce disant, Jean, les yeux pleins de larmes,
Pensant encore être à ce doux moment,
Baisait sa femme à couilles rabattues…
Froide et pareille aux inertes statues,

Sans un seul coup de cul, sans un hoquet,
La Madelon reçut dans son baquet
Le foutre épais du veuf inconsolable.

L’aurore vint, et d’un rayon aimable
Illumina la chambre des époux.


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