Page:Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, 1933.djvu/224

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Prétend qu’il n’a pas suffisante grosseur
Défié, à son égard, le plus rude censeur.
Et, relevant d’une main sa grande robe brune
De l’autre, il sort un vit propre à faire fortune ;
À peine le peut-on empoigner d’une seule main,
Long à proportion, carré, sec et mutin.
« Voilà », dit-il, un vit rugissant de colère
« Et non pas ce que vient de nous montrer le Père.
« Avec cet outil, je peux, sans me gêner,
« Fourbir mes douze coups, dont six sans déconner. »
Le Chapître sourit et prend cette bravade
Pour un discours en l’air, une gasconnade.
Mais le moine piqué à cet affront nouveau
Frappe de son outil vingt fois sur le bureau.
Cet effort vigoureux fait trembler le Chapître
— « L’on admire et l’on rend justice à votre titre ;
« Vous méritez beaucoup », lui dit le président.
« Père Tapeur, calmez cet emportement ;
« C’est assez, Révérend, calmez ce tonnerre,
« Vous effrayez tout notre monastère
« Votre engin, à son tour, doit être mesuré,
« Et, s’il est le plus long, il sera préféré.
« Père examinateur, commencez votre ronde
« Que chacun vous fasse voir sur quel titre il se fonde,
« Qu’on fasse mention exacte de la longueur
« Et du tour du bretteur, qu’à tous on examine
« Les couilles, et les vits jusqu’à la racine.
« Enfin, ce que chacun montrera de vigueur
« Soit en votre examen produit en sa faveur
« À vos vits raccourcis, donnez la vraie mesure ;
« Je vous en prie, mes frères, faites-le d’une main sûre. »


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