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. LES NEGRES.

l'idée de divinité:. Le mahométisme n’en fait pas moins parmi ces noirs de grands progrès, mais ils l’accommodent, avant tout, à leurs conceptions fétichiques. Chez eux, comme chez beaucoup d’autres peuples africains, le verset du Coran, écrit par un marabout et porté au cou dans un petit sachet, possède une vertu propre en laquelle on a la plus grande confiance. « Le mahométisme, dit Fr. Azan*, est la seule religion connue dans le pays parmi les Oualofs; les uns se déclarent musulmans et suivent d’une manière très confuse les différents principes du Goran sous la direction de prètres fanatiques et ignorants nommées sérines ; les autres affectent le plus suprême dédain pour toute pratique religieuse, et n’ont foi qu’en leurs gris-gris (féré). On désigne au Sénégal les premiers sous le nom impropre de marabouts, et les autres sous celui de tiédis ou guerriers. Toutefois les marabouts portent. des gris-gris comme les guerriers, et ceux-ci se font circoncire comme les marabouts. Les tiédos tendent du reste à disparaitre de jour en jour; déjà beaucoup d’entre eux font la prière (salam), et de plus, quand ces guerriers ivrognes et pillards deviennent vieux, ils se font marabouts. Le principal motif qui les empêche d’embrasser l’islamisme c’est interdiction des liqueurs spiritueuses; il's aiment mieux se passer de religion que d’eau-de-vie. »

Nous avons parlé des amulettes, des gris-gris. Chez tous les fétichistes africains le gri-gri est en souverain honneur. Le Wolof a une foi aveugle en l’efficacité de ce talisman. « Un boulanger de Bathurst, rapporte Pichard, pour prouver l’efficacité de son gri-gri, qui devait le rendre invulnérable aux coups portés par des armes tranchantes, s’est ouvert le ventre d’un coup de couteau, Il a été fort surpris de tomber

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  1. 1. Recherches philosophiques surla langue ouoloffe, p. 11. Paris, 1829 2. Revue maritime et coloniale, t, 1X, p.448