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LES WOLOFS.

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sous l'effrayante douleur qu'il a éprouvée. Mais sa confiance n’a pas été ébranlée, et, une fois guéri, il est allé trouver le marabout vendeur du fameux gri-gri, lui recommandant de bien prononcer toutes Jes priéres en en faisant un autre; car, disait-il, tu dois en avoir oublié une, puisque le couteau est entré, » Le gri-gri esi tantot une petite piéce de bois, tantot un os, tantot un crane d’animal, enfin le premier objet venu auquel on veut bien attribuer cet office. Le négre enveloppe parfois son gri-gri dans un beau cuir de couleur rouge, dans un morceau d’étoffe de soie. Les marabouts imaginent des grisgris contre toutes choses, tous objets redoutés, et en faveur de tous les souhaits, de tous les désirs que l’on voudrait voir réalisés. Partant en campagne, le pauvre noir consacre ses derniéres ressources & l’achat d’un gri-gri. Les marabouts, dit Le Maire (op. cit.), font payer parfois, pour un gri-gri, jusqu’A quatre et cing veaux, jusqu’d deux et trois esclaves. Souvent on voit un négre ayant au cou et autour du corps jusqu’a trente livres pesant de gris-gris (Fr. Moore) ; souvent un chef est tellement couvert de ces amulettes qu’il lui faut, pour monter a cheval et se mettre en selle, l’aide de ses ser viteurs. « ILya des gris-gris dont la valeur monte a plusieurs captifs, J’en ai vu un qui avait cofté cing beeufs. On en fait des colliers, des couronnes. On en porte dans les cheveux, aux mains, aux pieds, aux bonnets, sur les habits. On en fait. de toutes les formes, de toutes les grandeurs. On en met aux chevaux et aux chameaux, dans les cases, au-dessus des portes ; et, si l'on en excepte les Sérères, il est rare de voir un nègre qui n’en ait pas sur ses habits. Un gri-gri, emporté à la guerre et dont le propriétaire est revenu sain et sauf, ne sera jamais vendu, quelque prix qu’on en offre...