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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/131

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grands et magnifiques, mais d’une architecture grotesque. Citons, entre autres, plusieurs abbayes en France élevées à saint Benoît, le monastère et l’église de Mont-Cassin, le temple de San Giovanni Battista à Monza, élevé par Théodelinde, cette reine des Goths, pour laquelle le pape saint Grégoire écrivit ses Dialogues. Dans ce monument, cette reine fit peindre l’histoire des Lombards. D’après ces peintures, on voyait que les Lombards avaient la partie postérieure de la tête rasée, et sur le devant portaient les cheveux longs jusqu’aux épaules ; ils se peignaient la figure jusqu’au menton. Leurs vêtements étaient de toile large, dont se servaient aussi les Angles et les Saxons, et qu’ils portaient sous un manteau de diverses couleurs. Leurs souliers étaient ouverts jusqu’aux doigts de pied et se laçaient sur le dessus avec des courroies. Des monuments analogues furent l’église de San Giovanni à Pavie, élevée par Gundiperga, fille de la susdite reine Théodelinde ; dans la même ville l’église de San Salvadore, élevée par Aripert, frère de cette reine, qui succéda à Rodoald, mari de Gundiperga ; l’église de Sant’Ambrogio à Pavie, élevée par Grimoald, roi des Lombards, qui enleva le trône à Perterit, fils de Ripert. Ce Perterit, rétabli sur le trône, après la mort de Grimoald, construisit également à Pavie un monastère de femmes, appelé le Monasterio Nuovo, et dédié à Notre-Dame et à sainte Agathe. La reine en éleva un hors des murs, en l’honneur de la Vierge Marie in Pertica. Conipert, autre fils de ce Perterit, éleva un monastère et un temple analogues à saint Georges, dit di Coronate, dans le lieu où il avait remporté une grande victoire sur Alaric. Un temple, semblable à ceux-ci fut celui que Luitprand, roi des Lombards, et contemporain du roi Pépin, père de Charlemagne, éleva à Pavie, et qu’on appela San Piero in Ciel dauro. Il en est de même du temple de San Piero Clivate que Desiderio, qui régna après Astolphe, éleva dans le diocèse milanais ; des monastères de San Vincenzo à Milan, et de Santa Giulia à Brescia. Tous, en effet, furent construits à grands frais, mais dans une manière des plus grossières et sans aucune proportion.

XII. — À Florence ensuite, l’architecture allant un peu en progressant, l’église de Sant’Apostolo, qui fut élevée par Charlemagne, bien que de petites dimensions, fut d’une admirable manière. Les fûts des colonnes, tout en étant de plusieurs morceaux, ont beaucoup de grâce, et sont exécutés avec de belles proportions ; en outre, les chapiteaux et les arcs jetés pour les petites voûtes des deux nefs secondaires, montrent qu’en Toscane il était resté quelques bons artistes, ou qu’ils avaient resuscité. En somme l’architecture de cette église est telle que