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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/133

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reprendre quelque peu, ce que montre la mosaïque[1] qui fut posée dans le chœur de cette église de San Miniato .

XIII. — C’est ainsi et, après ce début, que le dessin et l’amélioration des arts commencèrent cà progresser peu à peu en Toscane, comme on le voit l’an 1016, quand les Pisans commencèrent la construction de leur Dôme[2]. À cette époque, ce fut une grande chose d’entreprendre un pareil corps d’église, composé de cinq nefs, et presque entièrement en marbre à l’intérieur comme à l’extérieur. Ce temple, qui fut élevé sous la direction, et sur le dessin, de Busketus, Grec de Dulychium, architecte remarquable de cette époque, fut édifié et orné par les Pisans d’une infinité de dépouilles amenées par mer (les Pisans étant alors au sommet de leur grandeur) de divers pays lointains, ce que montrent bien les colonnes, les bases, les chapiteaux, les corniches, et d’autres pierres de toute sorte qu’on y voit. Comme tous ces objets étaient, les uns de petites dimensions, d’autres plus grands, d’autres enfin de moyennes dimensions, Busketus fit preuve de beaucoup de jugement et de talent dans la manière d’en tirer parti, et de faire la division de toute cette construction très bien entendue, tant pour l’intérieur que pour l’extérieur. Entre autres choses, sur la façade antérieure, décorée d’un grand nombre de colonnes, il disposa très ingénieusement la diminution du fronton, et l’orna de sculptures variées et diverses, ainsi que d’autres colonnes et de statues antiques. Il en fit autant aux deux portes principales de la même façade, entre lesquelles, c’est à dire à côté de celle del carroccio, on donna plus tard à Busketus un honorable tombeau avec trois épitaphes, entre lesquelles il y en a une en vers latins qui ne diffèrent pas beaucoup des autres inscriptions de cette époque. La voici :


Qiiod vixmille boum passent jiiga jiincta movere.
Et quo vix potuti per mare ferre ratis ;
Buscheiti nisu, quod erat mirabile visu,

Dena puellarum turba levavit onus[3].

Comme on a fait mention ci-dessus de l’église Sant’Apostolo, à Florence, je ne passerai pas sous silence que sur une plaque de marbre de celle-ci, fixée sur un des côtés du maître-autel, on lit ces mots :

VIII. V. DIE VI APIULIS, in resurrectione DOMINI, KAROLUS Francorum rex a Roma revertens, ingressus Florentiam, cum magno gaudio et tri-

  1. Datée 1297.
  2. Commencé en 1063, d’après l’inscription qui est sur la façade.
  3. Vasari n’a pas rapporté une autre inscription de la même façade mentionnant un autre architecte, Rainaldus, qui vraisemblablement termina le Dôme.