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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/184

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son entourage. Ayant obtenu son congé, et richement récompensé, il revint à Florence en 1316, et y rapporta, entre autres choses, le portrait du pape, qu’il donna plus tard à Taddeo Gaddi, son élève. Mais il ne put s’arrêter longtemps à Florence. Appelé à Padoue par les seigneurs della Scala, il peignit pour eux une très belle chapelle dans l’église du Santo, édifiée depuis peu. De là il alla à Vérone, où il fit quelques peintures dans le palais de Messer Cane, et particulièrement le portrait de ce seigneur, ainsi qu’un tableau pour les Franciscains. Ces œuvres terminées, et en revenant en Toscane, il dut s’arrêter à Ferrare et faire pour les seigneurs d’Este quelques peintures que l’on voit encore dans leur palais, et à Sant’Agostino. Dante, ayant appris que Giotto était à Ferrare, parvint à l’attirer à Ravenne, lieu de son exil, et lui fit faire, à San Francesco, pour les seigneurs de Polenta, dans le pourtour de l’église, plusieurs fresques qui sont remarquables. Étant allé de Ravenne à Urbin, il y fit encore quelques peintures. Comme il passa ensuite par Arezzo, il dut se rendre aux prières de Piero Saccone, qui l’avait très bien accueilli ; il fit pour lui, sur un pilastre de la grande chapelle dans l’évêché, une fresque représentant saint Martin qui coupe son manteau et en donne une partie à un pauvre qui se tient presque nu devant lui[1]. Ayant ensuite peint, dans la Badia de Santa Fiore, un grand crucifix sur bois, et en détrempe, qui est aujourd’hui au milieu de l’église[2], il revint finalement à Florence. Là, entre autres travaux nombreux, il fit, dans le monastère des religieuses de Faenza, quelques peintures à fresque et à détrempe qui n’existent plus, ce monastère ayant été détruit.

L’an 1322, ayant perdu un an auparavant Dante, son grand ami[3], et dont la mort l’affligea profondément, il alla à Lucques, et, sur la demande de Castruccio, seigneur de cette cité, il peignit à San Martino un tableau qui représente le Christ dans les airs, ayant au-dessous de lui quatre saints protecteurs de la ville[4], à savoir San Piero, San Regolo, San Martino et San Paulino, qui ont l’air de remettre d’accord un pape et un empereur : ceux-ci, d’après l’opinion de beaucoup de gens, seraient Louis de Bavière et Nicolas V antipape. On dit aussi qu’il dessina à San Frediano, dans la même ville, le château della Giusta qui est inexpugnable [5].

  1. Toutes les peintures mentionnées dans cette page sont détruites.
  2. Existe encore.
  3. Dante mourut le 14 septembre 1321.
  4. Ce tableau a disparu.
  5. Fondé par Castruccio en juin 1322.