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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/185

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Dès qu’il fut de retour à Florence, Robert, roi de Naples, écrivit à Charles, duc de Calabre, son fils aîné, qui se trouvait alors dans cette ville, de décider par tous les moyens possibles Giotto à venir à Naples. Il voulait lui faire orner de nobles peintures Santa Chiara, monastère de femmes et église royale, dont il venait d’achever la construction. Giotto, se voyant appelé par un roi d’une telle renommée, se rendit volontiers à son désir[1]. Il fit, dans plusieurs chapelles de ce monastère, de nombreuses peintures tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament [2]; on dit que les sujets de l’Apocalypse qu’on y voit lui furent suggérés par Dante, de même que ses fresques si célèbres d’Assise. Bien que Dante ne fût plus en vie à cette époque, il est possible qu’ils en eussent discuté, comme cela arrive souvent entre amis. Dans l’église dell’Incoronata et au Castello dell’Uovo[3], il exécuta un grand nombre de peintures, particulièrement dans la chapelle et dans une salle que le roi Alphonse Ier détruisit pour faire le château, et où se trouvaient les portraits de quantité d’hommes célèbres, entre autres celui de Giotto en personne.

Il quitta ensuite Naples, pour aller à Rome, et s’arrêta à Gaète, où il dut peindre à la Nunziata divers sujets du Nouveau Testament, aujourd’hui abîmés par le temps, mais pas au point qu’on n’y reconnaisse sa propre figure au pied d’un grand crucifix très beau[4]. Il ne put ensuite refuser au seigneur Malatesta de s’arrêter quelques jours à Rome, où il travailla pour lui, et de là il se rendit à Rimini dont Malatesta était seigneur. Dans cette ville, il fit à San Francesco un grand nombre de peintures qui, depuis, furent jetées à terre par Gismondo, fils de Pandolfo Malatesta, lorsqu’il reconstruisit entièrement l’église. Il peignit encore à fresque, dans le cloître qui est au coin de la façade de cette église, l’histoire de sainte Micheline, une de ses meilleures œuvres[5]. Aussi n’est-il pas étonnant que Malatesta l’ait richement récompensé et grandement loué. Giotto fit aussi, à la requête d’un prieur florentin, qui était alors à San Cataldo de Rimini, à l’extérieur de la porte de cette église, un saint Thomas d’Aquin faisant une

  1. Giotto est mentionné à Naples en 1329 et 1332.
  2. Recouverte de stuc au siècle dernier, Santa Chiara, fondée par le roi Robert en 1310, avait été terminée en 1328.
  3. Les fresques de l’Incoronata existent encore ; on les regarde comme étant de l’école de Giotto. Celles du château n’existent plus.
  4. Peintures détruites.
  5. Ces peintures n’existent plus. Elles n’étaient pas de Giotto, puisque sainte Micheline ne mourut qu’en 1356.