Aller au contenu

Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On raconte qu’en 1302 il fut appelé à Assise, et que, dans l’église inférieure, il peignit la vie de sainte Catherine, dans la chapelle qui lui est dédiée[1] ; ces fresques se sont bien conservées, et l’on y voit quelques figures dignes d’être louées.

Repassant par Arezzo, il fut arrêté par l’évêque Guido Tarlati, qui, l’ayant entendu vanter comme un homme agréable et un peintre de talent, voulut lui faire peindre, dans l’évêché, la chapelle des fonts baptismaux[2]. Buffalmacco fit encore d’autres travaux de peinture dans le Dôme vieux hors les murs, qu’on a depuis jetés à terre avec l’édifice, et dans l’église San Giustino, sur la niche du chœur.

On raconte qu’étant à Florence, il se trouvait souvent avec ses amis et ses compagnons dans la boutique de Maso del Saggio, qui était courtier, et qu’il fut chargé, avec bien d’autres, de faire les préparatifs de la fête que, le jour des calendes de mai 1304, les habitants du Borgo San Friano donnèrent en barques sur l’Arno. Quand le ponte alla Carraia, qui était alors en bois, se rompit, pour être trop chargé des personnes qui étaient accourues à ce spectacle, il échappa à la mort qui surprit tant d’autres. Au moment où le pont s’écroula sur la machine qui, sur des barques dans l’Arno, représentait l’Enfer, il s’était absenté, étant allé chercher différentes choses qui manquaient à la fête[3]. Il fut ensuite appelé à Pise, où il fit de nombreux travaux ; entre autres, dans l’abbaye San Paolo a Ripa d’Arno appartenant alors aux moines de Vallombrosa, des fresques tirées de l’Ancien Testament et de la vie de sainte Anastasie, qui sont aujourd’hui complètement gâtées[4]. Il s’y fit aider par Bruno di Giovanni, dont le nom se trouve dans l’ancien livre de la compagnie des peintres, et qui peignit, après ces fresques, le tableau de l’autel de sainte Ursule avec toutes les Vierges[5]. Il mit dans la main de la Sainte un étendard portant les armes de Pise, à savoir une croix blanche sur fond rouge. Elle tend l’autre main vers une femme qui, debout entre deux montagnes, et touchant du pied la mer, allonge les deux mains, en ayant l’air de se recommander à la Sainte. Cette femme, qui représente la ville de Pise, a une couronne d’or sur la tête, et sur le dos un manteau portant des cercles et des aigles. Étant tourmentée par la mer, elle semble demander aide et protection à la

  1. Peintures bien postérieures. Existent encore.
  2. Peintures non retrouvées ; on ignore la place exacte de cette chapelle.
  3. En 1304 ; voir Villani, liv. VIII, chap. IXX.
  4. Ces fresques n’existent plus. Dans le vieux livre des peintres, on lit : Bruno Giovanni, pop. San Simone dipintore, MCCCL.
  5. Actuellement au musée civique de Pise.