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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/207

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Sainte. Comme il se plaignait de ne pouvoir donner assez de vie à ses figures, Buffalmacco lui donna le malin conseil de faire sortir de la bouche de la sainte et de la femme qui se recommande à elle des bandes portant des paroles, ce que Buffalmacco avait vu dans les œuvres peintes dans cette ville par Cimabue. Il est étonnant que ce procédé, qui n’était qu’une farce, ait passé en usage, et ait été employé dans une grande partie des fresques du Campo Santo par des peintres de talent. Les travaux de Buonamico ayant plu infiniment aux Pisans, il fut chargé par l’intendant du Campo Santo d’y exécuter quatre fresques tirées de l’histoire du monde, depuis la Création jusqu’à la construction de l’Arche de Noé[1]. Il les entoura d’un cadre portant plusieurs figures, au milieu desquelles il plaça son portrait, une tête couverte d’un capuchon. Dans cette œuvre, il y a un Père éternel qui tient soulevés les cieux et les éléments, en un mot toute la machine de l’univers ; pour expliquer le sujet, Buonamico écrivit au pied un sonnet en vers analogues à la peinture de cette époque, et qu’on peut lire encore à présent. Certes, ce fut une grande idée de représenter ainsi Dieu le Père haut de cinq brasses, avec les hiérarchies, les cieux, les anges, le zodiaque, toutes les choses supérieures, les quatre éléments, et finalement le centre. Pour remplir les deux angles inférieurs, il fit d’un côté saint Augustin et de l’autre saint Thomas d’Aquin.

Dans le même Campo Santo, à l’endroit où se trouve aujourd’hui le tombeau de Matteo Corte, médecin de Pavie, il peignit encore la Passion de Jésus-Christ, avec un grand nombre de figures à pied et à cheval, toutes dans des attitudes belles et variées, puis la Résurrection et l’apparition aux Apôtres[2].

Ces travaux terminés, et comme il avait dépensé rapidement la grande somme qu’il en avait retirée, il revint à Florence aussi pauvre qu’il en était parti. Il y fit le martyre de saint Maurice et de ses compagnons, à Santa Maria Novella, de concert avec son ami Bruno, une Passion du Christ à San Giovanni fra l’Arcore, ainsi que d’autres travaux ou fresques qu’il est inutile de décrire[3]. Il travailla encore à Cortone et à Assise, où il peignit la chapelle du cardinal Egidio

  1. Attribution fausse ; peintes par Pietro Puccio, vers 1390, auteur du couronnement de la Vierge, au-dessus de la chapelle Aulla, attribué par Vasari à Taddeo Bartoli. Ces fresques existent encore.
  2. Ces fresques, qui existent encore, ont été complètement repeintes par Rondinosi, en 1667.
  3. Toutes ces peintures ont été détruites.